Une Norme, un Organisme, un Label : le tiercé gagnant pour sécuriser la consommation des sportifs

Depuis l’affaire « Nyanga – Dulin », deux joueurs contrôlés positifs à l’higénamine, substance interdite contenue dans un complément alimentaire, les journalistes et beaucoup d’acteurs sportifs multiplient les confusions au sujet de la Norme NF V94-001.
Cette Norme est nécessaire mais, seule, elle ne suffit pas.
Norme Organisme Label Antidopage DopageEn qualité de directeur du numéro vert national Écoute Dopage pendant plus de 12 ans (1998-2011), j’ai eu l’opportunité de comprendre quelles étaient les véritables problématiques rencontrées dans la réalité par les sportifs de tous niveaux. Chez les sportifs intègres, mon équipe et moi-même, avons très vite repéré qu’il était très difficile pour eux de se soigner ou de s’alimenter sans courir le risque d’être contrôlé positif…

Nous avons également vu exploser l’offre des compléments alimentaires et produits nutritionnels pour sportifs. Au cours des premières années nous recevions quelques appels au sujet de la créatine, mais, très rapidement, de nouveaux produits sont apparus et de nouvelles habitudes de consommations sont nées chez la majorité des sportifs de haut niveau. Si en tant que psychologues, nous avons toujours questionné le sportif sur ce besoin de compléter son alimentation, il apparaissait dans le même temps la nécessité de ne pas diaboliser cette consommation et surtout de la sécuriser au regard de la législation antidopage.

 

Pourquoi ?

 

Parce que la législation antidopage et la législation agroalimentaire sont deux législations parallèles qui, par définition, ne se croisent jamais. À titre d’exemple (et il y en a plusieurs), aujourd’hui, en France, les industriels ont tout à fait le droit de produire et de vendre des compléments à base de Citrus Aurantium. Cet ingrédient, la plupart ne le savent pas, contient de l’octopamine, stimulant interdit par l’Agence Mondiale Antidopage depuis 2006… La grande majorité des acteurs en lien avec le sport (entraîneurs, kinésithérapeutes, médecins et pharmaciens) ne connaissent pas ces subtilités. Et pourtant, en bout de chaîne, il convient au sportif de ne jamais consommer ce genre de produits. En cas de contrôle positif, le principe de responsabilité objective s’applique. Le sportif se trouve en infraction et considéré comme « dopé ». Injuste.

C’est la raison pour laquelle en 2004 nous avons créé le programme et le label WALL-Protect (devenu SPORT Protect) afin de sécuriser la consommation des sportifs. Nous avons investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans des programmes de recherche et développement afin de réaliser des contrôles antidopage dans les matrices alimentaires, réaliser un scellé sécurisé et adapter les techniques d’audit aux particularités de la législation antidopage.

 

À cette époque, il faut dire que nous nous sentions un peu seuls…

 

L’industrie agroalimentaire par le biais de ses syndicats prétendait qu’il n’y avait aucun risques pour les sportifs et qu’il ne fallait pas prendre pour générales les pratiques douteuses de certaines marques… D’après l’étude de Hans Geyer du laboratoire de Cologne (2001), le taux de produits contenant une substance interdite par la législation antidopage était pourtant de 15% !

 

De l’autre côté, le ministère des sports et certaines fédérations prônaient de ne strictement jamais consommer de compléments alimentaires. Cette recommandation « facile » portait en elle trois défauts majeurs : elle permettait de rester au stade de la parole (et de l’absence d’action), elle diabolisait l’ensemble des compléments alimentaires et, surtout, elle était totalement déconnectée de la réalité de terrain (les sportifs consomment des produits nutritionnels).

 

Prise entre deux feux et critiquée de toutes parts, notre équipe à réussi à construire un système antidopage fiable et innovant, qui combinait à la fois des exigences système et une certification produit, qui a été certifié ISO 9001. Une première mondiale.

 

Au fil des ans, notre méthodologie faisant ses preuves, les institutions ne nous reprochaient alors plus qu’une seule chose : le fait de contrôler les références selon notre propre référentiel (normal nous avions tout inventé).

 

C’est alors qu’en mai 2010, nous avons sollicité M. Jean Baptiste Finidori responsable du secteur agroalimentaire de l’AFNOR pour étudier la faisabilité et la mise en place d’une Norme antidopage à partir de notre référentiel. Feu vert !

 

Les choses sont ensuite allées relativement vite, puisqu’après une période de travail avec l’ensemble des parties prenantes (SPORT Protect, Ministère, CNOSF, syndicats agroalimentaires), la Norme antidopage NF V94-001 voyait le jour en juillet 2012.

 

Elle posait enfin un cadre réglementaire qui permettait pour la première fois de croiser la législation antidopage avec la législation agro-alimentaire. Le sportif a un statut particulier. On ne lui vend pas n’importe quoi, n’importe comment. Une révolution.

 

Le problème de cette Norme est qu’elle peut être auto-administrée par les industriels eux-mêmes. De plus, ce texte n’impose que des bonnes pratiques de fabrication à mettre en place dans le cadre des exigences système (la qualité de la fabrication) mais ne tient pas compte de l’approche certification produit (la garantie antidopage de chaque référence).

 

Un problème majeur pour plusieurs raisons :

Un manque de crédibilité : imaginez un restaurant qui s’attribue lui même 4 étoiles. Pas crédible.
Un risque pour tout le système : imaginez qu’une marque auto-déclarée conforme vende un produit qui contienne une substance interdite (c’est déjà arrivé et nous avons alerté les autorités…) et c’est tout le système qui s’effondre.
Un risque important pour les sportifs car la législation antidopage est subtile, complexe et évolutive. Certains industriels, de bonne foi, pensent, par exemple, que si un ingrédient est bio, il ne posera aucun souci. Exemple caricatural mais parlant : le cannabis, bio ou pas, est une plante qui contient une substance interdite. Il est possible de produire des produits de très haute qualité qui peuvent s’avérer être dopants…
– Certains industriels assemblent des matières premières en provenance de pays peu regardants en matière de sécurité alimentaire.

 

Restons constructifs. Cette norme est une évolution importante que nous avons souhaité et pour laquelle nous avons oeuvré. Mais précisons-le, sans une vérification tierce partie par un organisme spécialisé sur les questions antidopage, cette norme n’a pas de sens.


La norme est un texte. Ce n’est pas un label.

 

On entend dans les medias que tel ou tel produit « n’a pas la norme ». Cela ne veut rien dire !
Comme si le fait d’avoir la norme suffisait… C’est comme si vous ne contrôliez pas un sportif sous prétexte que dans son sac de sport il « avait » la liste des substances interdites. Ridicule, inefficace et dangereux.

 

Pour une efficacité optimale, il faut associer trois éléments :

Une norme qui pose le cadre réglementaire des bonnes pratiques de fabrication
Un organisme antidopage qui contrôle son application
Un label qui permet de repérer les références sécurisées et de certifier chaque produit

 

C’est ainsi que tout le travail de SPORT Protect prend son sens.

Il se découpe en plusieurs phases :

> Nous réalisons l’audit des sites de production pour contrôler les matières premières, éliminer les risques de contamination croisée, vérifier le système de traçabilité en place.
> Nous réalisons l’expertise de chaque référence pour s’assurer que sa composition ne soit pas antinomique avec les exigences de la législation antidopage (Aucune référence ne pourrait être labellisée avec, par exemple, de l’Higénamine).
> Nous réalisons des analyses antidopage sur les lots produits selon un plan de suivi strict transmis au metteur en marché.
> Nous réalisons le stockage sécurisé d’un échantillon témoin pour chaque lot mis sur le marché. Chaque échantillon est gardé sous scellé un an de plus que sa limite de consommation.
> Nous réalisons une traçabilité externalisée de chaque référence labellisée.
> Nous réalisons le suivi de chaque référence au regard des évolutions annuelles de la législation antidopage.
> Nous référençons les produits labellisés sur notre site www.sport-protect.org et sur nos applications.

 

Depuis très longtemps, la lutte antidopage a pris l’habitude d’en rester aux belles paroles et aux grandes déclarations. En ce qui concerne la perception de la Norme NF V94-001, il ne faudrait pas qu’elle en reste au stade du « texte ».

Les sportifs ont besoin d’actes concrets pour sécuriser leur consommation.

C’est ce que fait SPORT Protect chaque jour.

Dorian Martinez
CEO SPORT Protect

 

 

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